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Le fils de l’opposant tchadien Yorongar raconte « l’enfer » vécu par son père
Rokoulmian Yorongar Le Moiban raconte les terribles conditions de détention de son père
LyonCapitale.fr
Ngarlejy Yorongar est finalement arrivé à Paris ce jeudi 6 mars pour subir des examens médicaux après 20 jours passés dans une prison secrète près de la capitale tchadienne.
Le principal et historique opposant au régime du dictateur tchadien soutenu par la France, Idriss Déby, avait disparu depuis le 3 février dernier, lors de l’attaque des rebelles contre le régime présidentiel (discrètement repoussée par l’intervention des forces françaises).
Son fils aîné de 36 ans, Rokoulmian Yorongar Le Moiban, qui a fui son pays il y a 5 ans, aujourd’hui membre du conseil d’administration de l’association Survie Rhône, raconte à Lyon Capitale, les terribles conditions de détention de son père qui, selon ses termes, a vécu « l’enfer ».
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On peut lire dans le numéro du mois de Mars 2008 :
Le déshonneur de la France au Tchad
Quand Rama Yadé, dans un élan d’indignation, s’est exclamée à la tribune de l’Assemblée nationale que « L’Afrique de papa c’est fini ! », nous étions loin d’imaginer que cela signifiait le pire, c’est-à-dire que l’Afrique de grand-papa était de retour, celle du mépris des Africains, affiché sans états d’âme. Celle de papa c’était un mépris honteux et dissimulé. Foin de ces chichis avec Sarkozy. On en a eu un avant-goût avec le discours de Dakar, on en a en ce moment une confirmation scandaleusement éclatante avec la conduite de la France au Tchad.
Le Tchad, c’est d’abord une forteresse militaire française en plein cœur de l’Afrique. Le régime tchadien, sous tous ses présidents successifs, de Tombalbaye à Idriss Déby, a été soutenu militairement. Tous ces présidents se sont distingués par leur férocité à l’égard des Tchadiens qui osaient s’opposer à leur tyrannie. De l’assassinat de Outel Bono en France, signé de pros des services spéciaux, jusqu’aux crimes contre l’humanité qui ont valu à Hissène Habré d’être aujourd’hui traduit devant le Tribunal pénal international, le pouvoir français n’a jamais eu honte de ses choix, quel qu’en soit le prix pour les Tchadiens.
L’indéfectible soutien apporté à Idriss Déby, adjoint de Hissène Habré avant d’en être le tombeur, porte à son comble une politique de régression. Aucune considération du respect des Droits de l’homme, encore moins des droits civils et politiques des Tchadiens n’a jamais influencé la politique française, pour qui, à la lettre, les Tchadiens n’existent pas. Seul existe un pouvoir tchadien paravent de la puissance militaire française.
Un tel pouvoir est régulièrement contesté par des rébellions. La dernière offensive contre la capitale N’Ddjamena l’aurait emporté sans l’appui français, symbolisé par l’occupation de l’aéroport de N’Ddjamena. Quand les combats ont fait rage dans la ville, la préoccupation unique du gouvernement français, exprimée par Hervé Morin, ministre de la Défense, a été l’évacuation des Français et Européens, dans la plus pure tradition coloniale. Pas un mot pour ne serait-ce que compatir au sort de la population locale. Rien pour protéger les habitants qui ont fui en masse, rien sur le nombre des victimes civiles, détail futile.
Enfin quand, au repli des rebelles, la soldatesque de Déby a pu se déchaîner sur la population civile, la réaction française a été déshonorante puisque Hervé Morin encore, aux nouvelles alarmantes sur la disparition de leaders de la société civile a répliqué qu’on verrait plus tard. Le pouvoir français s’est contenté de demander des « clarifications ». A la grande honte de la France, l’Union européenne demandait, elle, la libération immédiate des leaders disparus, tandis que l’Autriche, qui doit fournir quelques centaines de soldats pour l’Eufor, déclarait la présence de ses soldats incompatible avec ces disparitions.
Pendant cette tragédie humaine frappant les Tchadiens, Rama Yadé, apparemment devenue aphone après ses éclats de voix contre Kadhafi , a disparu des écrans. Quant à l’homme du « droit d’ingérence », après s’être tu il a fini dans l’ignoble en avalisant les mensonges répandus sur la disparition des opposants. Hervé Morin, tout sourire, serrait la main d’un Idriss Déby triomphant, qui désignait les opposants arrêtés comme des « prisonniers de guerre ». Enfin l’escale de Sarkozy a N’Djamena, avec photos, sourires et poignées de main à un Déby qui a répété « ne pas savoir » ce qui a bien pu arriver aux opposants disparus, porte à son comble la bassesse politicienne. On se demande quelle leçon de « Droits de l’homme » ces gens-là auront encore le front de donner, et à qui ?