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Invitation à organiser les fêtes du désastre politique, à déserter certaines campagnes...

pourquoi il ne nous semble pas utile d’aller voter et pourquoi nous sommes engagés dans une autre campagne

et à en rejoindre d’autres

Le désastre écologique dont sont victimes les êtres vivants qui se trouvent enfermés dans un système social chaque jour plus totalitaire et artificiel, n’est pas directement lié aux politiques libérales mais au processus historique d’industrialisation lui-même couplé à l’exercice de la domination. C’est bien à cela qu’il s’agit de continuer à s’opposer avec toute la clairvoyance possible. Ceux qui parlent de réformer l’état des choses au moyen de politiques de développement durable, c’est-à-dire de trouver les moyens de poursuivre le développement industriel du monde, ne feront qu’approfondir le désastre. Notre aspiration politique consiste à remettre en question les fondements de la société, ses institutions, ses choses, qui ont fini par devenir le pouvoir et n’ont pas de raison humaine, car elles ne sont pas humaines. De cela il ne peut être question dans le cadre d’une échéance électorale qui par principe exige de ceux qui veulent y participer (candidats, militants ou électeurs) d’ignorer les rouages de la dépossession et d’en accepter les modalités. Ce texte n’apporte guère de nouveauté. Il est nourri du ressenti de notre actualité, de ce que nous comprenons de l’expérience historique, et aussi de ce que nous ne pouvons en comprendre.

Mis en ligne par M.
Mots clés (Tags): Economie Elections

Les récentes mesures réprimant la libre communication de la recette de la tarte aux pommes ou d’on ne sait quel autre savoir ancestral, doivent être vues non pas comme une aberration ridicule et risible de l’appareil législatif, mais au contraire comme le signe de son aboutissement logique : la loi étant d’abord là pour reconnaître et officialiser la réalité des rapports de force . En l’occurrence, l’agrochimie fait face à d’importants frais de publicité pour écouler des produits savamment fabriqués après des années de développement en bureau d’étude. Pourquoi du haut de sa puissance financière admettrait-elle de se trouver injustement contrariée par des concurrents humains qui n’auraient qu’à se parler pour, génération après génération, se refiler les secrets du dessert ? Il lui fallait bien faire valoir ses droits.

Cette avancée significative du droit de la concurrence, qui oppose entreprises multinationales et individus, fait suite à différentes étapes de ce que nous nommons exclusion et qui traduit la mise hors jeu social de l’humain. L’extension de cette disqualification se poursuit partout sur tous les continents, dans les villes, les banlieues, les campagnes, sans que nous ne réussissions à faire beaucoup plus que nous émouvoir des nouvelles que nous en recevons.

La fraction des humains qui se trouve exclue d’une société qu’on croyait pourtant faite par et pour eux, ne cesse de s’étendre ; même les cadres qui pensaient être particulièrement utiles à la prospérité du système économique doivent désormais se demander combien de temps encore ils en seront employés et jusqu’à quelle compromission et mutilation de leur pensée ils devront aller pour conserver leur poste. Comme il se répète dorénavant avec quelque vraisemblance, le futur n’a plus besoin de nous.

Dans ces conditions, combien de temps encore feindrons-nous de ne pas voir que la participation des humains à l’organisation de la vie sociale n’est tolérée, voire encouragée, que dans l’exacte mesure où elle ne remet rien d’essentiel en question et se plie aux rituels de la soumission et de l’acceptabilité (il est possible de discuter du tracé des autoroutes mais pas de discuter de leur nécessité, de dire NON à un aéroport mais pas NON aux aéroports, de créer des conférences citoyennes pour débattre des nanotechnologies mais pas de s’opposer à leur développement, de répondre aux sollicitations des “dirigeants politiques” à participer à des jurys populaires mais pas de régir nous-mêmes localement nos vies dans le cadre de démocraties directes).

Combien de temps penserons-nous encore que la démocratie libérale est une démocratie ? Qu’elle a quelque chose de libéral au sens où elle s’attacherait à favoriser l’organisation de la vie et de la production suivant des aspirations humaines ?

Que l’ordre en place n’ait même plus besoin de faire mine de respecter le bon sens de la raison humaine pour se déployer, témoigne du triomphe accompli de l’artificialisation du vivant, c’est-à-dire, la prise de pouvoir des choses inertes sur les êtres vivants. Chacun est en mesure d’éprouver quotidiennement cette mutation.

Combien de temps dureront nos illusions ? Peut-être jusqu’à la fin. Car l’homme qui n’a de cesse de travailler à un avenir toujours plus machinal, ne doit pas douter que ce projet est bien le sien, qu’il sert ses désirs, sa volonté, ses intérêts. On a vu autrefois des hommes mobilisés par le devoir national, s’en aller en guerre le cœur léger. On en voit aujourd’hui qui prennent plus au sérieux les résultats du P.N.B. que ceux du FTC ou même de l’OM.

La propagande est devenue l’une des premières industries de l’économie moderne et emploie donc une bonne partie des humains à colporter tout ce qui est nécessaire de croire. La fonction centrale de cette propagande ne consiste pas seulement à nous soumettre à l’ordre dominant mais surtout à nous faire désirer cette soumission et à en devenir les acteurs. Ainsi figure en bonne place de notre imaginaire, l’étrange idée que le sort des hommes, des femmes, des enfants et des cochons, et du monde tout entier, est conforme à la volonté du plus grand nombre. D’aucuns finissent alors par croire aux élections.

Rien n’entretient autant dans l’imaginaire l’idée de liberté démocratique que l’invitation à aller voter qu’on nous adresse régulièrement.

On le voit donc, nous participons à la poursuite de l’enfermement de l’humain dans un dispositif social d’autant plus dénué de compassion à notre égard, qu’il peut de mieux en mieux se passer de nous ou de plus en plus facilement nous contraindre à lui obéir sans discussion.

Cependant, beaucoup pensent que la politique est l’ultime carte à jouer pour mobiliser les intelligences et nous extraire de l’ornière de ces progrès ; peut-être n’ont-ils pas tort. A condition de ne pas se tromper sur ce que nous nommons politique et qu’il faudrait un jour prendre le temps de redéfinir.

Pourquoi donc ne peut-il être question pour nous de participer aux facéties organisées par la propagande du système entre une coupe du monde et une star académie quelconque, quand bien même ce droit au suffrage universel aurait été chèrement acquis ?

Dans un contexte où tout semble pratiquement joué, mais où nous avons pourtant parfois le sentiment fragile d’exister encore en tant qu’êtres vivants appartenant à des communautés, nous sommes engagés en politique. Ce politique n’a guère à voir avec une élection républicaine dans laquelle ce qui se gagne dans le meilleur des cas, est de se prendre au jeu après en avoir accepté toutes les règles. Faire vivre un nouvel appareil ou plutôt un vieil appareil rénové.

Notre engagement vise plutôt à travailler à un projet d’autonomie ; faire que nos vies individuelles puissent s’affranchir du système de faux besoins auquel il nous est sommé de participer, et nous activer à produire ensemble ce que bon nous semble.

Il se trouve qu’à côté des “dirigeants” qui n’en finissent pas de jouer aux serviteurs des pouvoirs dominants, des gens plus sérieux et plus respectables, des amis parfois, ambitionnent de s’atteler à la prescription de dispositions censées redonner une consistance aux aspirations humaines. Ils se regroupent sous l’appellation de gauche antilibérale et entendent poursuivre sur l’élan de la victoire du Non au dernier référendum la construction d’un autre monde qu’ils proclament possible. Et d’ailleurs ils ont des propositions de réformes dont certaines sont même des transformations importantes visant à mettre un terme à la déliquescence du monde biologique.

En dehors de l’absurdité qu’il peut y avoir, lorsqu’on ambitionne de reconquérir une parcelle de liberté humaine, à s’allier à des institutions sociales aliénantes qui “ravalent l’humanité vivante à leur chose” , nous voudrions redire, ce qui dans le projet socialiste ne nous convient pas.

Chacun a depuis longtemps compris que les réformes libérales supportées par les champions de la droite (Parti Socialiste confondu) — comme un valet supporte la charge que son maître lui a confiée — n’ont de réformes que le nom, s’agissant de se soumettre aveuglément aux injonctions d’un ordre qui ne réclame plus que du changement accéléré. Quant aux réformes que la gauche antilibérale souhaite mettre en œuvre, elles semblent inspirées par un authentique socialisme. Sont-elles pour autant recommandables ?

Un rapide survol des propositions de cette gauche confirme ce qui est à craindre de tous les projets sociaux-démocrates : tandis que bien des points de l’édifice sont convenables, ses fondations sont une catastrophe, précisément l’origine du désastre dans lequel nous nous trouvons. Y trône toujours cette illusion que tout pourrait être beau, pourvu qu’existent un meilleur partage des richesses, des emplois sûrs et garantis, une protection sociale universelle, une priorité donnée à l’homme plutôt qu’à l’économie, etc, autant de dispositions bien entendu garanties par la puissance de l’Etat.

La proposition prévoyant une nouvelle loi basée sur les conclusions des Etats Généraux de la recherche tenus à Grenoble en novembre 2004 suffit à elle seule à disqualifier les fondements de ce projet socialiste et humaniste. Nous avons suffisamment observé le mode de déploiement de la production scientifique pour savoir en quoi elle participe de l’artificialisation machinale et de l’approfondissement de nos maux.

Les réformes d’un renouveau socialiste sont d’autant plus dangereuses qu’elles véhiculent une certaine tradition humaine à créer du contrôle et des organisations centrales. Elles légitiment l’idée d’une société dominée par des institutions anonymes. S’y exprime avant tout l’expansion illimitée et inconsidérée de la maîtrise rationnelle.

C’est ainsi que l’idée d’un être humain à l’aise et détendu dans son milieu, une sorte d’écosophie , est ignorée au profit de la poursuite d’un développement social conduit par la science, la raison rationnelle et l’administration publique. Même prétendument attelé à la construction d’un autre type de développement, ce projet ne peut être le nôtre.

L’ordre social tel que le socialisme bien intentionné l’a historiquement rationalisé avec ses industries, ses laboratoires, ses écoles, ses armées, sa culture, est bien plus insupportable que l’ordre économique qui n’en est qu’une des composantes. Les efforts de l’organisation sociale dans tous les domaines visent par essence à assurer la position géostratégique des puissances dominantes. Et même si ce qu’il y eut et ce qu’il reste à sacrifier pour que dure le développement est sans cesse plus effrayant, cela n’a jamais suffi à retenir le zèle des serviteurs de cet ordre. Ce qui caractérise les sociétés engagées dans le développement durable ce sont les progrès de l’enfermement, l’essor des industries de propagande, de sécurité et de gestion sanitaire et environnementale. Nous ne croyons pas qu’une 6e République infléchisse d’une quelconque manière le prévisible destin du vivant ; elle le rendra sans doute plus probable. Le projet de développement durable soutenu par la gauche antilibérale, s’il est poursuivi, risque fort de se hisser rapidement vers des sommets de monstruosité. On ne fera durer le développement qu’au prix de sacrifices encore inimaginables.

Voilà dira-t-on bien des propos extrémistes qui ne mènent à rien et risquent même en affaiblissant les attitudes raisonnables de faire le jeu du fascisme. Pour notre part nous pensons que lorsque la propagande a miné le sens du discours, du langage et de la pensée, le moindre fragment de vérité résiduelle risque de suffire à faire passer son auteur pour un esprit intègre et salutaire. Il n’y aurait plus alors qu’à s’en remettre à sa trempe. La démagogie pousse dans le désert de la pensée.

Certains répéteront pour la nième fois qu’ils ne croient pas au Grand soir, qu’ils ne sont pas prêts à jeter le bébé avec l’eau du bain, qu’il convient d’abord de rassembler. Quelques contradicteurs socialistes nous expliqueront encore une fois que les questions que nous posons sont trop vastes, qu’on ne saurait s’y atteler trop tôt, qu’il convient de les réserver pour plus tard, qu’elles sont d’ailleurs un motif grave de division. Sur ce dernier point, ils ont raison ; il est délicat d’interroger le projet de la société technomarchande lorsqu’on se trouve employé dans une centrale nucléaire, une chaîne de télévision ou dans le giron de la fonction publique. Il est de même délicat de penser son travail de manière critique lorsqu’il est la source d’un pouvoir d’achat dont on peut se plaindre avec raison du faible niveau en même temps qu’on reconnaît qu’il ne peut être offert à tous sans causer la ruine de la planète.

Pour cela donc l’essentiel, ce que nous produisons ensemble, restera tabou.

Or, vouloir changer la société sans remettre en question l’ensemble de l’activité humaine, de la production industrielle à laquelle nous nous sommes liés, revient à poursuivre dans la voie de l’humanisme qui a servi d’alibi à la colonisation du monde par l’occident. C’est rester le complice volontaire de la dégradation environnementale. Celle-ci ne découle pas spécifiquement des politiques libérales mais du développement industriel — qu’il soit organisé par des libéraux ou des socialistes — qui témoigne du total irrespect des progressistes pour tout ce qui peut être dominé. Si on peut bien supposer que le NON au traité constitutionnel était un Non au libéralisme, il reste à savoir qui souhaite dire NON au système industriel ?

Nous qui ne croyons pas non plus au Grand soir mais voyons pourtant une nuit profonde s’épaissir, voulons en principe nous en tenir à l’essentiel, nous pensons que c’est par là qu’il faut commencer, quitte à accepter une certaine solitude.

Il ne peut y avoir de construction politique satisfaisante sans pensée libre et sans prise en compte de nos désirs profonds qui passent d’abord par la possibilité de participer à un monde habitable.

Cet effort à mener n’est pas un combat d’actualité, mais l’actualité d’une tension éternelle qui a historiquement opposé les tenants d’un ordre morbide des choses à celui de la conscience vivante du monde.

Ce combat vital, implique d’abord la désobéissance aux injonctions du système ; l’organisation d’élections étant le point d’orgue de la grande mascarade institutionnelle, elle est à déserter en priorité.

Il nous reste à rechercher comment nous pourrions vivre ensemble sans décharger nos responsabilités sur des institutions anonymes, un Etat, des Experts, des Centres de toutes sortes (de conservation du patrimoine, de gestion de la flore et la faune naturelles, de rétention, de détention, de concentration, de recherche scientifique), une Education Nationale, un Parlement européen, une Police municipale, une Armée, une Organisation mondiale de la santé assujettie à une Agence internationale de l’énergie nucléaire, une Organisation mondiale du commerce, des Semenciers multinationaux, des Hypermarchés, des Abattoirs connectés par l’amont et l’aval à des usines de viande, des Barrages hydrauliques, des Autoroutes qui n’en finissent pas de nous ceinturer, des TGV, des Airbus A412, des Satellites espions, des TF1 et A2, des Partis politiques, et puis partout des Robots aux apparences trompeuses.

Contrairement à la vision que les gestionnaires de l’ordre donnent de nos idées, il ne s’agit pas de tout rejeter de l’existant mais d’établir l’inventaire de ce qui fut historiquement produit avec une certaine raison, et qui a fini par organiser notre enfermement ; voir ensuite comment démanteler ces dispositifs. Pour discerner ce qui nous intéresse de récupérer de ces artifices culturels et sociaux qui constituent malgré tout notre humanité, il conviendra de s’attacher aux savoirs, aux pratiques, aux techniques qui pourront être ré-appropriés par des communautés, c’est-à-dire être affranchis des carcans institutionnels pour participer à des autonomies locales. Comment par exemple conserver ce qui au sein de l’école facilite l’échange de savoir inter-générationnel, sans engendrer le formatage des esprits organisé par une éducation nationale ?

Ce projet n’appelle pas à l’embrasement généralisé, à une émeute romantique dans laquelle communieraient tous les êtres délivrés de leurs chaînes pour un moment d’exaltation aussi vite passé qu’un match de football.

Nous entendons combattre l’ordre des choses plutôt que ceux qui s’y soumettent, car nous savons qu’il peut être difficile de lutter sur ce terrain et que chacun porte son lot de compromission. Il n’entre pas dans notre propos d’haïr ou de violenter quiconque. Nous n’appelons pas non plus à prendre part aux tensions que le système organise pour n’avoir à distribuer qu’à une classe de vainqueurs ce qui lui reste à distribuer. Le sauve qui peut mondialisé dans lequel nous nous trouvons ne manque pas, en l’absence de politique humaine, d’attiser les conflits intercommunautaires, interethniques, internationaux. Ces luttes fratricides qui se préparent ne sont pas les nôtres, nous appelons chacun à les déserter.

Cessons dès lors de parler de réformes, et envisageons comment nous transformer nous-mêmes, comment tenter des gestes inspirés par un ressenti et une pensée que nous puissions partager.

Pour imaginer que de tout ceci puisse résulter quelque chose qui dépasse l’anecdote de nos histoires personnelles, une désertion massive de la participation des humains à leur enfermement est plus que nécessaire. Cependant chacun est susceptible de méditer sur la morbidité des choses qui nous gouvernent. Chacun dans une certaine mesure où qu’il se trouve peut à sa façon tenter un geste pour délaisser le poste qu’il occupe dans le système social actuel et rechercher à prendre place avec d’autres au sein de ce qu’il reste de la biosphère. Ceci n’est pas une utopie puisque beaucoup pratiquent et cherchent dans ce sens avec plaisir. La vie sociale, la vie des humains, est à redécouvrir et à réinventer de fond en comble. Et elle n’est pas à fabriquer sur la base d’étranges capacités et prouesses techniques à venir, mais sur la base d’une communauté de besoins, de désirs et d’intelligence élargie à l’ensemble des êtres vivants.

Voilà le champ de nos actions politiques, voilà où nous invitons à nous accompagner. Voilà la campagne qui nous intéresse et pour laquelle nous avons tout notre temps vu que rien ne presse davantage.

Ce n’est certes pas là affaire d’élection.

Janvier 2007, diffusé par des paisants de l’Aveyron, du Tarn et de l’Agout, à partir du territoire autonome de Matens, 81600 Matens



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