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Les mensonges du juge Bruguière

Lettre ouverte adressée à Monsieur Le juge Jean-Louis Bruguière

Par Emmanuel Ruzigana

LETTRE OUVERTE ADRESSEE A MR. JEAN-LOUIS BRUGUIERE, PREMIER VICE-PRESIDENT AU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS.

(...) je demande à quiconque qui jugera votre document sur la base des propos qui me sont attribués, de prendre en considération le contenu de la présente lettre...

Mis en ligne par iso
Mots clés (Tags): Rwanda

Me référant à votre document « ORDONNANCE DE SOIT-COMMUNIQUE » du 17 novembre 2006 ;

Constatant que mon nom a été mentionné sur les pages 23, 24 et 25 je me permets de réfuter catégoriquement tout ce qui m’a été attribué.

Lors de mon passage à Paris le 29 mars 2004, j’ai été interpellé à l’aéroport par vos services qui m’ont conduit dans votre bureau.

Ignorant les raisons de mon interpellation, j’ai été interrogé, en votre présence, par votre secrétaire sur l’attentat du 06 avril 1994 de l’avion qui transportait l’ex-Président Habyarimana de retour de Dar-es-Salaam. Les questions qui m’ont été posé consistaient :

- 1. Mon appartenance au « Network commando »
- 2. Qui a tiré sur l’avion présidentiel

A la première question j’ai répondu que j’ignorais l’existence de ce network et que par conséquent je n’y avais pas appartenu.

A la deuxième question j’ai répondu que je n’avais aucune connaissance sur la personne qui aurait tiré sur l’avion et que d’ailleurs je n’étais pas aux environs de Kigali pendant cette periode.

Mes réponses ont provoqué votre colère et vous m’avez fait sortir de votre bureau.

J’ai été amèrement surpris de trouver que dans votre document sur la page 23, vous m’avez faussement attribué l’appartenance à ce «  network commando », un groupe dont j’avais d’ailleurs nié l’existence.

De même, sur la page 25, vous allez jusqu’à confirmer mensongèrement que je connaissais ceux qui auraient tiré sur l’avion, un fait que j’avais nié lors de mon interrogatoire dans votre bureau.

Sur ce, je demande à quiconque qui jugera votre document sur la base des propos qui me sont attribués, de prendre en considération le contenu de la présente lettre.

Emmanuel Ruzigana

A LIRE :

- La supercherie du juge Bruguière

- Le rapport du "procureur" Bruguière

- Un étendard sanglant à laver (18ème partie)

Un juge et des témoins soi-disant en danger

Le juge Bruguière aura donc réussi à remettre son document au parquet sans jamais avoir mis les pieds au Rwanda, ce qui est tout bonnement une prouesse lorsqu’il s’agit de mener une enquête sur les circonstances d’un attentat. L’exploit juridique du juge français consiste à s’être forgé une conviction sur un tir des missiles ainsi que sur le crash de l’avion qui s’en est suivi à un continent de distance ! Mais Bruguière n’avait-il pas, en son temps, fait valoir la peur de se faire assassiner s’il se rendait à Kigali ? Un comportement qui jure avec celui de la juge Raynaud, qui elle, était passée outre les conseils de prudence de la Grande Muette et s’était rendue au Rwanda, arguant qu’ « elle avait l’habitude des voyages » ! En tout état de cause, les craintes de Bruguière – au plan strictement juridique – ne l’autorisaient pas à faire l’économie des relevés in situ ; car, en matière de justice, on ne peut remplacer par l’intuition et l’imagination l’obligation de procéder sur place aux observations nécessaires à une enquête.

La crainte du juge Bruguière de se faire assassiner est confortée par la déposition de Jean-Pierre Mugabe, témoin cité dans l’ordonnance. Ce dernier y relate que le colonel Théoneste Lizinde fut assassiné alors qu’il s’apprêtait à écrire un livre témoignant de l’implication de Kagamé dans l’attentat. Cette appréhension n’a, fort étrangement pas perturbé Abdul Ruzibiza, à propos duquel la journaliste belge Colette Braeckman raconte, qu’à Kigali, il dévoilait à qui voulait l’entendre qu’il était sur le point de publier un ouvrage sur le même thème. Le document de Bruguière insiste pourtant : Kagamé ferait assassiner par son « network (en français « réseau ». Ndlr) de commandos » « tous les opposants au régime et ceux qui avaient participé à des opérations clandestines ou en avaient été témoins, en particulier l’attentat contre le Falcon 50 du président Habyarimana ». Or, à ce jour, après la parution de son livre, Ruzibiza est parfaitement joignable en Norvège, après avoir été exfiltré du Rwanda par les services français.

Pour ce qui est de la stratégie consistant à éliminer tous les témoins potentiels de l’attentat, il serait bon, à cet endroit, de rappeler à notre juge anti-terroristes que ce sont les Forces Armées Rwandaises hutues (FAR), et non l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) dirigée par Kagamé qui, immédiatement après l’attentat, massacrèrent toutes les personnes, Hutus et Tutsis confondus, qui avaient le malheur de résider sur la colline de Masaka, d’où furent tirés les missiles qui atteignirent le Falcon 50. Suite à ce massacre, perpétré par les amis de la France – et non par ceux que sa justice accuse ! - tous les individus susceptibles de témoigner sur les circonstances de ces tirs ont bien évidemment disparu. Des individus dont les génocidaires auraient finalement pu épargner la vie, étant donné que le juge Bruguière, ne s’étant jamais déplacé au Rwanda, ne les aurait jamais interrogés !

Rappelons également au « super juge » que les FAR étaient une armée mono ethnique hutue. Et que s’il qualifie régulièrement, dans son ordonnance, l’armée burundaise d’armée « mono ethnique » ou à tout le moins « d’armée à forte majorité tutsi », il se doit, cohérence oblige, de procéder à l’identique, en faisant précéder l’abréviation FAR de la mention « armée mono ethnique ». D’autant plus qu’à l’instar de l’armée nazie, qui interdisait à ses officiers d’épouser des Juives, les officiers des FAR avaient l’interdiction de se marier avec des Tutsies…

Enfin peut-être est-il utile également de lui signifier qu’il serait plus décent, pour un juge exerçant au pays de la déclaration des droits de l’homme, de qualifier les membres du parti explicitement raciste qu’est le CDR d’extrémistes, au lieu d’employer la formule « dits extrémistes » pour qualifier de semblables individus ! (Serge Farnel - Metula News Agency)

(crédit photo : génocide crosses in Kigali, David Pluth)



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