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Cameroun

BIYA : on entrevoit enfin le début de la fin ?

Des manifestations anti-Biya paralysent Yaoundé et Douala

Les émeutes contre la cherté de la vie et le maintien au pouvoir du président Paul Biya ont paralysé mercredi Yaoundé, la capitale du Cameroun, et Douala, le principal port du pays d’où le mouvement de protestation est parti le week-end dernier.

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Mots clés (Tags): Armée Cameroun colonialisme Elections Manifestation Politiques

Selon des journalistes locaux, un manifestant a été tué par des policiers armés à Buea dans le sud-ouest du pays.

Provoquées par les prix élevés des carburants et des denrées alimentaires, ces manifestations, les plus importantes depuis quinze ans, ont fait au moins sept morts depuis quatre jours.

S’exprimant pour la première fois publiquement depuis le début des émeutes, Biya a accusé, sur la télévision nationale, ses opposants politiques d’avoir orchestré les manifestations pour tenter de le renverser.

"L’objectif est d’atteindre par la violence ce qu’ils n’ont pas pu obtenir par les urnes", a déclaré le président camerounais, l’air sombre.

Il a ajouté que son gouvernement utiliserait tous les moyens légaux à sa disposition pour garantir l’Etat de droit.

Les émeutiers ont détruit des bâtiments publics, des magasins et des entreprises et fait un certain nombre de victimes, a-t-il dénoncé sans fournir de bilan précis. "Les personnes impliquées incluent des délinquants motivés par la perspective de pillages", a-t-il accusé.

Parties de l’ouest du pays, les émeutes se sont propagées ce mercredi à Yaoundé.

La police anti-émeutes a tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants dans les deux villes.

La radio nationale a lancé un appel au calme, indiquant que le gouvernement avait accepté, en concertation avec les syndicats, de baisser marginalement le prix des carburants, l’une des principales revendications des manifestants. Les habitants ont cependant laissé éclater leur colère face à ces diminutions qu’ils jugent beaucoup trop limitées.

Dans la capitale, les émeutiers ont érigé des barricades, brûlé des pneus et du bois de charpente et jeté des pierres sur les policiers. Les commerces ont fermé et les parents se sont rués dans les écoles pour aller chercher leurs enfants.

Une partie des manifestants scandaient des slogans hostiles à Biya, qui, au pouvoir depuis 25 ans, a annoncé le mois dernier qu’il entendait s’y maintenir au-delà de son mandat actuel qui expire en 2011. "Biya va trop loin, il doit partir", criait l’un d’entre eux.

BIYA ACCUSE DE VOULOIR GOUVERNER A VIE

A Douala, capitale économique et commerciale du pays, un hélicoptère a largué du gaz lacrymogène sur les 2.000 manifestants qui défilaient pour réclamer une baisse des prix des denrées de base. Dans la panique, certains sont tombés dans une rivière.

Selon des témoins, la police a procédé à des dizaines d’arrestations. Certains manifestants ont été frappés à coups de crosse de fusil, ont-il dit.

Le gouvernement est parvenu mardi soir à un accord avec les syndicats pour mettre fin à la grève des taxis qui a dégénéré en batailles de rue et scènes de pillage à Douala et dans d’autres villes du pays.

Le gouvernement a accepté de réduire le prix du litre du gasoil de 600 à 594 francs CFA (0,90 euro). Des réductions ont également été accordées pour d’autres types de carburant comme le kérosène.

Des députés d’opposition ont accusé le gouvernement d’avoir réagi brutalement face aux manifestants, qui dénoncent également la fermeture de la chaîne de télévision privée Equinoxe.

Celle-ci a diffusé ce mois-ci une interview d’un dirigeant d’opposition, John Fru Ndi, accusant Biya de vouloir gouverner à vie.

L’ambassade des Etats-Unis au Cameroun a recommandé à ses ressortissants d’éviter les déplacements à l’intérieur du pays. Des barrages ont été érigés par des manifestants et des petits délinquants sur les principaux axes routiers du pays, prévient l’ambassade sur son site internet.

Des émeutes similaires contre la cherté de la vie ont eu lieu dans d’autres pays d’Afrique de l’ouest à la suite d’un hausse des prix des carburants.

Source : Le Point

Avec Talla Ruben à Douala, version française Marc Delteil, Gregory Schwartz et Gwénaëlle Barzic


À LIRE :

Déni de démocratie au Cameroun

L’élection présidentielle d’octobre 2004 au Cameroun va se dérouler dans des conditions qui défient ouvertement les droits politiques élémentaires.

La date du 11 octobre a été fixée à peine un mois avant, ce qui empêchera toute mobilisation et toute organisation pour l’opposition. L’annonce a été faite au Cameroun en l’absence du Président, qui n’a pas reparu au pays depuis la mi-août, où il avait répondu à l’invitation de Jacques Chirac.

Les deux tiers des Camerounais en âge de voter au Cameroun ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Les Camerounais vivant à l’étranger - plus de dix pour cent de la population camerounaise - ne pourront pas, malgré leurs protestations, exercer leur droit de vote. L’exigence d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI) a été refusée. L’Observatoire national des élections (ONEL), dont les membres sont nommés par la Présidence et qui a déjà fait la preuve de son inutilité, a été reconduit.

Tout est donc prêt pour une nouvelle mascarade électorale. Paul Biya, après avoir exercé diverses fonctions sous la présidence d’Ahmadou Ahidjo, a évincé ce dernier en 1982 par une révolution de palais. Après avoir, en 1984, réprimé dans le sang une tentative de retour de l’ancien Président, il est reconduit en 1987 à la Présidence comme candidat unique. En 1992, après la répression des manifestations pour un changement démocratique, qui a fait plusieurs centaines de morts, les résultats de l’élection, favorables au candidat de l’opposition John Fru Ndi, sont grossièrement truqués et Biya se proclame élu. En 1997, l’opposition boycotte une élection qui n’offre aucune garantie de loyauté. Une réforme a changé la durée du mandat présidentiel et remis à zéro le compteur limitant les réélections : Biya repart pour un quatrième mandat, de sept ans cette fois.

Tout en subissant pendant vingt-deux ans un pouvoir sans contrôle, la masse des Camerounais n’a cessé de s’appauvrir, la moitié d’entre eux vit au-dessous du seuil de la pauvreté, tandis qu’un affairisme insolent étale le scandaleux enrichissement de quelques-uns sur un pays doté d’abondantes ressources naturelles. Le Cameroun de Biya a réussi à prendre place au rang des pays pauvres très endettés (PPTE). Il vient d’être exclu de ce bénéfice, faute d’avoir rempli les conditions élémentaires de gestion, en raison de la corruption qui mine l’État, et qui a valu au Cameroun de figurer à la première ou dans les toutes premières places des pays les plus corrompus. Les services publics d’éducation et de santé sont sinistrés, les entreprises publiques en faillite ont été bradées, obligeant les Camerounais à vivre de longs jours sans eau, sans électricité. La Caisse d’Épargne Postale et la Caisse Nationale de Prévoyance sociale sont en banqueroute, vidées de leurs fonds.

Pourtant, le Président du Cameroun est choyé par les hommes politiques français. De Pasqua à Rocard on s’affiche en sa compagnie. Il jouit de la protection et de l’amitié de Jacques Chirac, qui vient pourtant de proclamer, à l’ONU, sa volonté de lutter contre la pauvreté. Nul doute que sa réélection, inévitable et programmée, sera saluée par les vœux et les félicitations du Président français, une véritable insulte au peuple camerounais souffrant.

La passivité des Camerounais devant cette situation ne doit pas faire illusion. Réduit à l’impuissance, muselé, le peuple est conscient du mépris dans lequel on le tient et du gâchis qui a été fait de ses possibilités de développement humain. Pourra-t-on s’étonner demain si, en désespoir de cause, il verse dans l’extrémisme ethnique ou religieux ? C’est tout ce qu’une politique cynique et irresponsable lui aura laissé.

(Survie France)



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