PropagLande


Site d’information alternative qui traite, sur un ton libertaire, de l’Afrique (la françafrique), de la religion, de l’économie, des médias (et donc de propagande...)


Le site Propaglande change de serveur. Vous pouvez consulter les derniers articles publiés à l'adresse www.propaglande.org.
Le présent site reste cependant fonctionnel: vous pourrez y lire toutes nos archives et anciens articles.



Témoignage de Martin Marschner von Helmreich

La France et le financement du génocide des Tutsi (2)

Les implications

Le 21 avril, nous posions les questions suivantes...

Quel est le rôle tenu par l’actuel Président français, M. Sarkozy, alors Ministre du Budget, pendant le génocide des Tutsi au Rwanda ? Pourquoi la diplomatie française s’agite-t-elle ainsi depuis l’audition, par la Commission Mucyo, de Martin Marschner von Helmreich ? Le travail de la commission Mucyo fait-il peur ?

Depuis, nous avons rencontré Martin Marschner von Helmreich, qui nous livre le témoignage suivant.

La Nuit rwandaise Mis en ligne par Bruno
Mots clés (Tags): Armée Economie Politiques Rwanda

Rappel des faits :

Martin Marschner von Helmreich vit à Monaco et est un spécialiste de la haute finance. Il estime être un témoin de premier plan de l’implication de l’Etat français dans le financement du génocide des Tutsi : en 1994, il avait signé une convention de courtage financier avec la Caisse centrale de réassurance (CCR), où il avait déposé l’équivalent de trois millions d’euros. Le 19 août 1994, la CCR, une compagnie de réassurance dépendant directement du Trésor public, lui fit savoir qu’elle avait perdu un milliard de francs français de l’époque, appartenant à sa filiale Rochefort Finances. [1]

Le 14 septembre 1994, coup de théâtre : le trésor public français, sans explications, rembourse l’intégralité de cette somme…

__

Le témoignage de Martin Marschner von Helmreich

Il y a un an, je témoignais devant la commission MUCYO [2] , décrivant le système occulte mis en place par l’État français par l’intermédiaire de son « faux nez », la Caisse Centrale de Réassurance, afin de financer le génocide au Rwanda en 1994.

Si le mécanisme financier est maintenant connu et vérifié, il me semblait opportun de revenir sur les implications que cela entraîne.

Tout d’abord, la Caisse Centrale de Réassurance ne s’est pas « réveillée » financier occulte, ou victime (selon la version officielle), début janvier 1994, pour interrompre les « pertes », le 29 août de la même année.

Les documents comptables remis à la Commission Mucyo, en provenance du rapport de la COB [3] française, prouvent sans conteste possible que ces « errements » remontent, au moins, à la création de sa filiale de gestion, Rochefort Finances, en 1988 !

Les financements occultes opérés durant la période 1990-1994 ne l’ont pas été au seul profit (si l’on peut dire !) du Rwanda, loin s’en faut. Par contre, en remontant par les bénéficiaires rwandais vers la source, on peut aisément déterminer la « quote-part » de ce pays dans les pertes des OPCVM (fonds communs et SICAV) de la C.C.R. En conséquence, si d’autres pays africains (ou autres) ont des doutes sur certains financements, une vérification est aussi possible.

En revenant au Rwanda, ces documents permettent, au moins en partie, d’expliquer le financement de la période préparatoire au génocide, notamment de 1992 à avril 1994. Cela a l’avantage de faire le lien entre cette période préparatoire et celle du génocide même, car il y a une unicité du financier !

Cela bouleverse, pièce comptable à l’appui, toutes les thèses négationnistes qui s’appuient sur l’apparente disjonction entre l’aide, notamment militaire, française apportée jusqu’à fin 1993 et la non implication française directe à partir de début 1994. Le génocide ne s’est ainsi plus tenu au seul moment où les militaires français, pris d’une subite inspiration, « désertent » le Rwanda avant de revenir en force pendant l’opération Turquoise...

Tout cela, Paris le sait, Sarkozy le sait, le « French doctor » Kouchner le sait, mais aussi le Président Kagamé ne peut l’ignorer. Sauf que ce dernier dispose maintenant des preuves.

La question légitime qui se pose maintenant est, bien évidemment, de savoir qui est impliqué par ces preuves ?

La réponse, pour celui qui détient les éléments, est simple. Tout d’abord, tous ceux qui ont autorisé les pertes observées, comme leur renflouement, pendant cette période. En premier lieu le conseil d’administration de la C.C.R. Et là, cela devient croustillant en même tant que limpide, car il ne s’agit que de très, très hauts fonctionnaires. On se retrouve au cœur même du « système » français.

Les noms ? Les voici :

− Pierre Duquesne, Ministère de l’ Economie et des Finances, sous-directeur à la Direction du Trésor ;

− Yves Mansion, AGF, directeur général ;

− Jean-Luc Pain, Ministère du Budget, sous-directeur à la Direction du Budget ;

− Michel Taly, Ministère du Budget, chef du Service de la Législation Fiscale ;

− Michel Thovert, Commission de Contrôle des Assurances, chef de contrôle des Assurances.

La liste du conseil d’administration et des personnes pointées, présentes lors de ces fameux conseils est plus longue, mais cette « short list » donne déjà au lecteur une bonne impression. Les fonctions étaient celles au moment des faits. Ce que le lecteur notera c’est que ces personnes ont eu, depuis lors, une carrière brillante pour la plupart.

Mais, je me vois dans l’obligation d’ajouter deux noms « hors conseil d’administration » de la C.C.R., mais dont nous disposons des preuves de leur parfaite connaissance du dossier C.C.R et des pertes. Il s’agit d’une part de Monsieur François Pérol, à l’époque sous-directeur du Trésor et aujourd’hui faisant partie de la « garde rapprochée » de Monsieur Sarkozy en tant que secrétaire général adjoint de l’Élysée, et d’autre part du directeur du Trésor lui-même, Monsieur Christian Noyer, aujourd’hui gouverneur de la Banque de France.

Le lien entre ces personnages est qu’ils incarnent l’administration de la France, sa pérennité. Les politiques passent, eux ils restent ! .... et gèrent le pays.

Je tiens à me répéter, ce ne sont pas les seuls noms dont je dispose ! Mais c’est largement suffisant pour déterminer l’implication directe de l’État français.

Bien évidemment, pour réaliser une opération aussi complexe qu’un génocide, il faut plus que de l’argent et des finances. Il y a bien sûr la « grande muette », la presse et autres médias, mais aussi la justice pour réduire au silence les derniers récalcitrants.

Là aussi, je dispose d’une (longue) liste de magistrats qui savaient et qui ont quand même œuvré activement pour camoufler l’implication française. À mes yeux, leur complicité est encore plus coupable que celle des autres acteurs, car leur devoir c’est la justice. Si les juges d’un État n’ont plus cette conscience, alors le fondement même de la société de ce pays est en danger.

Enfin, le lecteur qui a suivi mon audition à Kigali, se demandera : et quid de Monsieur Sarkozy ?

Tout d’abord à l’époque, cette question, posée par le Président de la Commission, Jean de Dieu Mucyo lui-même, m’avait surpris. En effet, je ne croyais disposer, dans les documents transmis, d’aucune preuve d’un lien direct. Et je ne me permettrai jamais d’avancer quoi que ce soit sans preuve, ayant appris à mes dépens le mal que cela occasionne.

Bien sûr, en tant que ministre du Budget en 1994, ses adjoints directs siégeaient au conseil d’administration de la C.C.R. Bien sûr, il est peu probable que l’on ne l’informât pas qu’il allait lui manquer un milliard (1.000.000.000 !) au moment de boucler son budget. Mais, je n’avais son nom sur aucun des documents relatifs aux pertes directes de la C.C.R. en ma possession. C’est alors que je me suis souvenu d’autres faits, d’autres enquêtes que j’ai dû effectuer dans le cadre de ma défense, et j’ai pu, en bonne conscience, répondre positivement à la question posée.

Pour conclure, je souhaiterais indiquer que mon témoignage résulte d’un seul esprit de devoir de citoyen du monde.

A titre privé, je ne connais aucune des personnes incriminées et je n’ai aucune rancœur personnelle. Par contre, ne me posez pas la question de ce que je pense d’elles, humainement parlant.

Martin Marschner von Helmreich, Monaco, le 24 avril 2008.

Lire l’article sur le site de la revue La Nuit rwandaise

Article du numéro 2 de La Nuit rwandaise, p. 391

LA DOTATION EN ARMES DES GÉNOCIDAIRES A ÉTÉ FINANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS

Martin Marschner von Helmreich, partenaire de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), a indiqué que des sociétés de l’État français ont financé l’achat d’armes utilisées par les forces génocidaires, par l’entremise de la BNPParis.

De nationalité allemande, Martin Marschner est né le 4 août 1957 à Hambourg. Diplômé en sciences politiques à Bordeaux, section Economie et Finances, il est arrivé pour la première fois au Rwanda en 1987, afin de rencontrer l’Ambassadeur d’Allemagne à Kigali.

Martin Marschner, qui vit actuellement dans la principauté de Monaco, a été entendu hier, lundi, par la commission rwandaise qui enquête sur le rôle de la France dans le génocide. Il avait signé une convention de courtage financier avec la CCR et déposé jusqu’à 20 milliards des francs français, appartenants à ses clients, soit trois milliards d’euros, faisant de lui le principal partenaire, avec près de 80 % de dépôts.

La CCR a été fondée en 1945 par le général Charles de Gaulle, pour permettre à la France de se développer, en créant une compagne de réassurance auprès de laquelle toutes les autres sociétés pourraient transférer leurs risques. Elle n’a pas de statut juridique propre, elle dépend du trésor public, selon le témoin. La Caisse Centrale de Réassurance couvre un certain nombre de risques, allant des calamités agricoles à ceux de l’armée française à l’étranger, notamment les risques attenants à la présence de ses navires dans des zones à risque, ainsi que les retraites de l’armée.

Le 29 août 1994, la CCR signalait au témoin qu’elle avait perdu un milliard de francs français appartenant à Rochefort Finances, sa filiale. En tant qu’expert des questions financières, Martin Marschner rétorqua qu’il est impossible de perdre autant d’argent sans fournir d’explication circonstanciée.

« Il y a des procédures, des règlements. Vous devez me donner des explications. Qu’est-ce que je vais dire à mes clients ? », demanda-t-il à la direction de la CCR. Le 14 septembre 1994 survint un coup de théâtre : le trésor public français remboursa cet argent.

« Une société étatique qui perd un milliard et, 15 jours plus tard, le contribuable qui renfloue la somme, sans aucun élément d’explication, cela constitue un événement anormal. Le contribuable français a ainsi remboursé l’argent détourné par ses dirigeants pour financer le génocide », a affirmé M. Marschner.

Considérant cette période, courant de janvier à août 1994, et se référant aux rapports de l’ONU et de la société civile française, le témoin a conclu qu’il ne subsiste aucun doute sur le fait que les fonds détournés ont servi à l’achat d’armes utilisées par les forces génocidaires.

Martin Marschner a décrit lundi, devant la commission d’enquête, l’implication financière occulte de la France dans le génocide, les mécanismes de détournement, et les fonds strictement occultes qui ont transité par la BNP en provenance des sociétés de l’État français.

« Si vous trouvez à la BNR [Banque Nationale du Rwanda. NDLR] un document comptable sur la livraison d’armes au cours de cette période, sachez que c’est l’argent de mes clients, détourné, qui a servi à cette opération », a encore déclaré Martin Marschner.

« Ce qui est intéressant, précise le témoin, c’est de constater que moi, qui cherche où est parti l’argent de mes clients, je tombe sur un numéro de compte à la BNP. Vous, qui cherchez d’où est venu l’argent qui a financé les livraisons d’armes aux FAR, vous tombez sur le même compte ! ».

Marschner a émis le souhait de voir l’État rwandais se constituer partie civile dans le procès qui l’oppose, depuis 1994, à l’État français, du fait que la Caisse Centrale de Réassurance, dépendant du trésor public, a financé de manière occulte le génocide de 1994, dans lequel plus d’un million de Tutsi ont péri.

Dans leurs conclusions, les ONG françaises constituées en Commission d’Enquête Citoyenne (CEC), affirment que la Banque Nationale du Rwanda, dépositaire du trésor de guerre des organisateurs du génocide, a pu tirer des sommes considérables sur la Banque de France et la BNP Paris : FF 2 737 119,65, en six prélè–vements, du 30 juin au 1er août, pour la Banque de France, et FF 30 488 140,35, en sept prélèvements, du 14 au 23 juin 1994, pour la BNP.

La CEC se demande également comment la Banque de France a pu procurer des moyens financiers (dont 1 500 000 FF, le 1er août 1994, alors que le gouvernement responsable du génocide, et sa banque, avaient quitté le Rwanda depuis un mois) aux auteurs d’un génocide commencé le 7 avril.

La Commission se demande pourquoi la France et la BNP n’ont pas davantage coopéré avec la commission d’enquête des Nations Unies, à propos de la double livraison d’armes aux FAR, évoquée plus haut, en provenance des Seychelles, à la mi-juin 1994, impliquant l’intermédiaire sud-africain Ehlers et le colonel Bagosora, et dont le paiement est venu de la BNP Paris.

Martin Marschner a fait savoir que toutes ces transactions occultes se sont effectuées alors que l’actuel Chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, était ministre du budget. Alexis Ruset et Terraillon étaient respectivement président et directeur de la CCR.

Dès qu’il eut la preuve que les 40 millions de francs français, détournés par la filière Rochefort Finances, ont été utilisés dans l’achat d’armes et qu’il eut identifié le numéro de compte à la BNP, Martin Marschner a soulevé, en 1994 déjà, la question des livraisons d’armes vers l’Afrique. Il le fit notamment lors d’un entretien avec Paul Dijoud, alors Ministre d’Etat de Monaco.

Paul Didoud qui fut, avant d’être nommé à ce poste, Directeur Afrique au Quai d’Orsay, ne s’est pas inquiété outre mesure. Paul Dijoud, probablement doué de capacités prophétiques, est également connu pour avoir dit sèchement à Paul Kagame, alors chef de la branche armée du FPR, et à sa délégation, en 1992, « si vous n’arrêtez pas la guerre, vous trouverez tous vos frères déjà exterminés à votre arrivée à Kigali ».

Paul Kagame, l’actuel président du Rwanda, avait été invité en 1992 à Paris par la France, désireuse de trouver une solution au problème du Rwanda en guerre.

« Tous savaient, ils ont agi en connaissance de cause », a accusé Martin Marschner, avant de conclure à une implication financière directe de la France dans le génocide.

__

A voir :

La Nuit rwandaise

• Site internet de la Commission des Opérations de Bourse : www.cob.fr

• Dossier "Le financement du génocide au Rwanda" sur le site Paradis Fiscaux et Judiciaires

Le Rwanda : les créanciers du génocide, article d’Éric Toussaint sur le site du CADTM

L’usage de la dette extérieure du Rwanda (1990-1994), La responsabilité des bailleurs de fonds, par Michel Chossudovsky et Pierre Galand sur le site de Globalreshearch

___

A visiter :

Oulala.net

On peut y lire :

Le cas de Monsieur Martin M. (des procédures judiciaires étant actuellement en cours, le nom reste volontairement caché) est original. Martin M. a été embauché en 1992 comme apporteur d’affaire par la société Rochefort Finances (filiale de la Caisse Centrale de Réassurance, directement dépendante de Bercy). A l’époque des faits, Pierre Bérégovoy (retrouvé « suicidé » le 1er mai 1993) était Ministre des Finances. De 1992 à 1994, Martin M. démarche donc pour le compte de la société Rochefort Finances. Il va découvrir, après une visite de la COB (commission des Opérations de Bourse) à Monaco, des faits plus que troublants :

• Des opérations d’aller - retour effectuées dans la même journée permettant de perdre des sommes très importantes dans les livres de la SICAV ; la différence était virée par Rochefort Finances sur des comptes à Numéro au nom de Bernadotte et Hamilton dont le nom de Martin M. ressortait comme ADER à la Spartkasse de Linz en Autriche. Le passeport utilisé était bien celui de Martin M. mais avec la photo d’une autre personne.

• Ces comptes ont permis de financer des ventes d’armes :

- à l’Afrique du Sud mais livrées à la Serbie qui était sous embargo militaire

- au Rwanda au moment du génocide.


[1] Rochefort Finance, était, jusqu’en 1995, une maison de titres, dépositaire et promotrice d’une vingtaine d’Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) (càd des Sociétés d’Investissement à Capital Variable (SICAV) et des fonds communs de placement). La SA Rochefort Finances avait pour société mère, à concurrence de 60 % des parts, la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), établissement public, devenue société anonyme en 1992, mais dont l’actionnaire principal était l’Etat français. La CCR avait pour objet de gérer les fonds collectés par les compagnies d’assurance au titre de catastrophes naturelles.

[2] Commission rwandaise chargée d’enquêter sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda

[3] Commission des opérations de bourse


Réagir à cet article: Poster un commentaire